FAMILLE LUCAS

Le père :  Armand Fleury LUCAS

 

Originaire de l’Orne, il est né à Cerisy Belle-Etoile le 04/04/1852.

 

A une date indéterminée,  il s’établit à Saint Georges de Rouelley (canton de Barenton, Manche) où il épouse AlexandrineVictorine JOUIN le 22/09/1879.

 

Dans son contrat de mariage établi le 17/09/1879 devant me LELIEVRE notaire à Lonlay l’Abbaye,  il est dit « marchand de nouveautés »

 

Trois enfants naissent à Saint Georges de Rouelley :

 

-          L’aînée, Mathilde, naît le 11/11/1880. Au jour de l’armistice, elle aura donc exactement 39 ans.

 

-          Le second, Alfred Louis, naît le 07/04/1883. A 20 ans, il mesure 1,57m. Il va devenir marin.

 

-          Le benjamin, Ernest, naît le 31/07/1890

 

Quand vient-il s’installer avec toute sa famille à Avranches ?

 

Au recensement de 1901, il est déjà là. Il loge rue des Chapeliers, n° 12. Alfred n’habite pas avec la famille. Au 10 de la même rue vit sa mère, Marie LECORNU qui a déjà plus de 80 ans.

 

Au recensement de 1906, nous le retrouvons au 4 rue Saint Gervais, avec ses trois enfants. Par contre, Marie LECORNU est soit morte soit à l’hospice. A retrouver.

 

Au 5 de la même rue vivent 5 employées de magasin. On peut raisonnablement supposer que ce sont ses employées, puisque le grand magasin dont les murs sont toujours debout de nos jours, à l’angle de la rue Brémesnil et de la rue des Chapeliers a été construit avant 1909 (voir document).

 

Armand LUCAS continue à agrandir ses affaires. En 1913, il achète un magasin à Ducey pour y établir une succursale (voir document)

 

La fille : Mathilde DODIER

 

Petite femme d’1m50 environ, mais d’une énergie et d’un charisme extraordinaires. Dans la famille DODIER ( pour son fils et ses petits-enfants), elle était redoutée et passait pour tyrannique et brutale. Mais elle a aidé financièrement tous les frères et sœurs de sa bru, famille nombreuse et désargentée. Ses employés la vénéraient, la légende familiale veut qu’elle ait tenu tête aux Allemands lors de l’Occupation, refusant de les servir au magasin. Après la guerre, elle est entrée au Conseil municipal.  Elle est morte en 1966.

 

D’où lui venait cette « niaque » ?

 

Un destin transformé par la guerre de 14-18

 

Mariage le 03/09/1906 à Avranches avec Eugène René Edouard DODIER, employé de commerce, né à Sainte-Suzanne (Mayenne) en 1877. Un grand bel homme aux yeux très bleus (voir portrait). Sur son acte de mariage, Mathilde est dite« sans profession».Elle s'oriente donc vers une vie de mère de famille bourgeoise.

 

 

Leur premier enfant naît le 02/04/1908. C’est un garçon, Serge.

Une petite fille va naître quelques années plus tard. Malheureusement, l’accouchement est difficile, forceps, cerveau endommagé, et Lucile ne sera jamais « normale ».

 

Quand la guerre éclate en août 1914, Mathilde a presque 34 ans. Dodue et carrée, elle forme avec son mari grand et maigre un couple qu’on remarque. Lui semble plutôt doux et docile. C’est elle qui dirige leur vie de famille.

 

Ses frères sont appelés et partent. Eugène (qu’elle a rebaptisé Edouard, son 2e prénom), son mari, est rappelé dans les services auxiliaires, grâce à une « hernie difficile à réduire ». Dès 1915, il sera démobilisé.

 

Tout autre est le destin d’Ernest. Il a 24 ans quand la guerre commence. Beau, brun, ressemblant beaucoup à sa mère. Comme tant de jeunes Normands, il est fauché lors d’un assaut près de Charleroi dès le mois d’août 1914. Pendant toute la guerre sa famille ignore son sort puisque son corps n’a jamais été retrouvé. Il faudra un jugement du tribunal d’Avranches en 1920 pour qu’il soit officiellement déclaré « Mort pour la France ». Son nom est inscrit au monument aux morts de sa commune.

 

Sa mort est un drame épouvantable pour ses parents. Armand Lucas est brisé. Il n’a plus de successeur…

 

Mais Mathilde donne alors sa mesure. Elle reprend les rênes de l’affaire familiale. Elle négocie avec l’Etat des contrats fructueux, elle fait partie de cette classe d’entrepreneurs qui se sont enrichis grâce à la guerre. Dès la fin des hostilités, elle se débarrasse (façon de parler bien sûr) de ses parents et les installe loin du magasin, en haut de la rue de la Constitution. Et avec sa nouvelle richesse, elle investit dans la pierre : elle achète des maisons, des objets d’art pour son fils qui s’est découvert une passion pour la peinture (et sera un ami proche du peintre Bergevin), une voiture, etc.Commerçante avisée, elle étend son domaine à l’Avranchin, avec des succursales à La Haye Pesnel, à Pontorson,à Brécey, etc..

Sa carrière de notable, et de tyran domestique, commence, mais ceci est une autre histoire!

Ernest LUCAS
Ernest LUCAS

Dossier réalisé par Les Archives départementales de la Manche